Vigile de PENTECÔTE
3 juin 2017 à la Cathédrale de Fribourg
Rom 8:22-27
Jn 7:37-39
Loué soit Jésus Christ !
„Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Écriture“.
Je veux parler un peu, non pas précisément et directement sur le concept, mais autour du concept de la vertu d'espérance, cette espérance qui est véritable, persévérante, absolue et chrétienne. Saint Paul dans sa lettre aux Romains parle de la création qui passe par «…les douleurs de l’enfantement » ! Le monde vivant et réel doit être perçu ainsi, mais nous aussi qui faisons profession de suivre le Christ, nous sommes comme elle, comme la création en attente : “…nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps”.
La Vigile de la Pentecôte, mieux, chaque veille chrétienne ou naturelle devrait être un peu comme cela, elle devrait être une chose douloureuse, anxieuse, dans l'attente de quelque chose de beau, comme l'expérience de la mère qui accouche. Nous veillons, dans le sens que nous implorons la grâce du Saint Esprit, ce même Esprit de la Pentecôte répandu par Jésus Ressuscité sur ces disciples dans le cénacle, afin que, jusqu'aux extrémités de la terre, le Seigneur de l'univers soit porté à la lumière du jour. Notre fête de ce soir ne peut pas être un simple souvenir de ce qui est arrivé, d’un événement qui reste dans le passé. Dans notre veillée ici, nous implorons Dieu pour un nouveau don de l'Esprit sur l'Église d’aujourd'hui. Nous prions et nous veillons “hic et nunc” pour que par la grâce du même Esprit de Vie, le Christ Roi soit manifesté maintenant au monde qui en a tant besoin, et cela en chacun et à travers chacun de nous !
“Car c'est en espérance que nous sommes sauvés”.
Je crains que dans le monde occidental, notre monde d’antique tradition chrétienne, nous ayons un peu perdu de nos jours le sens de la vigile, de la veille. Peut-être que cela explique l'impression donnée parfois, que la vie chrétienne est devenue (oserais-je le dire) insipide. Elle manque de sel. Ce qui devrait être le sel de la vie, a perdu son goût.
Nombreux sont les indices de ce fait. Si nous regardons, par exemple, la famille (à quelques exceptions près), nous voyons combien s'est perdue la pratique quotidienne des prières les plus élémentaires : à table, avant de se coucher, le matin pour offrir la journée au Seigneur. Par conséquent la famille ne vit pas la présence de Dieu. Malheureusement, on ne s'adresse même plus à la Mère de Dieu, à la maison, et on néglige le respect dû par chacun à l'ange gardien qui l'accompagne dans la vie. Une culture catholique de base, l'indice d'une foi vive, manque tout simplement dans la famille. On note encore que peu assistent régulièrement à la messe le dimanche et les jours de fêtes et cependant quand ils viennent à l'église, ils osent se présenter à la sainte communion sans trop de réflexion, et sans avoir recours au sacrement de pénitence.
Ce sont là des signes d'une société qui vit superficiellement, sans confier son destin à Jésus, sans espérance ou attente dans ce monde, sans rester éveillée pour le jour du Seigneur et son jugement sur la terre.
“Car c'est en espérance que nous sommes sauvés”.
Notre dignité de personnes rachetées par la Croix de Jésus à travers les eaux du baptême se manifeste dans la trajectoire de notre chemin vers Dieu et l'éternité, que nous vivons déjà maintenant en espérance. Certains nient cette vérité fondamentale. Il existe en fait tout une catégorie de personnes vivant sans espoir qui "dépasse le rebord de leur verre" et elles tentent de me refuser la possibilité de parler ainsi. Je le fais quand-même, parce que personne n'a le droit de nous enlever la joie promise dans le Christ de notre foi et transmise par les Apôtres, c'est-à-dire par les douze protagonistes de cette première Veillée de Pentecôte.
La veillée est une partie constitutive de notre foi catholique. De nombreux passages du Nouveau Testament disent l'importance de rester éveillé et d'attendre ensemble le Seigneur. Pour n'en citer que deux : dans l'Evangile les trois disciples sur le mont Tabor, manquent presque de voir la Transfiguration de Jésus parce qu'ils étaient endormis, et n'avaient pas veillé avec Jésus en prière sur la montagne. Soudain ils se réveillent, ils sont effrayés, et Pierre marmonne quelque chose sur des tentes ou des cabanes, montrant ainsi que lui, le chef des apôtres, avec les yeux fermés était resté loin de l'événement sur la montagne. Les trois n'ont pas été attentifs à leur maître, ils n’étaient pas en syntonie avec l'action prophétique de Dieu dans le Christ.
Une autre fois, nous lisons dans l'histoire de la Passion de Jésus au jardin de Gethsémani comment ces trois apôtres choisis s'endorment et manquent ainsi d'accompagner par amour le Seigneur Jésus à l'heure de l'épreuve.
Celui qui espère veille dans l'attente de l'Epoux, dans l'attente du Seigneur ! Soyez vigilants, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ! La Vigile de la Pentecôte est célébrée par ceux qui, ensemble avec notre Mère l'Église, espèrent dans le Seigneur et ses promesses.
“Car c'est en espérance que nous sommes sauvés”.
L'autre jour, je ne me rappelle plus où, nous étions trois : avec moi, un jeune prêtre et une grand-mère, disons une dame vieille comme moi. Je parlais avec eux de ces mêmes choses, de l'urgence de récupérer l'espace familial pour Dieu, de vivre consciemment la foi. Le brave prêtre déclarait, certes un peu naïvement, que ce n'est pas facile pour les jeunes parents d'aujourd'hui. Il prétendait que les parents d'aujourd'hui ont une tâche plus difficile que ceux du passé. Je ne suis de cet avis, et je lui ai simplement demandé comment nos parents ont si bien réussi ? Pourquoi les jeunes adultes d’aujourd’hui sont-ils différents ? Pourquoi ne semblent-ils plus avoir conscience de la seule chose nécessaire en ce monde ? Peut-être parce qu'ils ne voient pas l'importance centrale de la foi catholique dans leur vie et la vie de leurs enfants ? Ou alors ils sont tout simplement endormis, inconscients ? Le prêtre m’a seulement regardé un peu comme ça.
J'ai lu l'autre jour le témoignage d'un groupe de jeunes Italiens entre 15 et 19 ans qui parlaient de la joie qu'ils ont trouvée comme membres d'un nouveau mouvement catholique, qui se réunit tous les dimanches matin. Ils racontaient entre-autre l'aventure de leurs randonnées dans la forêt ou la montagne. Il arrivait qu'ils soient hors de la couverture d'antenne pour leurs téléphones, qu'ils devaient mettre dans la poche. Alors ils pouvaient regarder la nature autour d'eux et s'entretenir avec leurs compagnons de marche ! Semble-t-il qu’ils ont découvert quelque chose de révolutionnaire !
„Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Écriture“.
Le feu semble l'image la plus familière de la troisième personne de la Sainte Trinité, mais l'eau qui sort du côté du Christ sur la croix et étanche la soif de tous, cette eau abondante est aussi l'image de l'Esprit Saint. Nous qui veillons dans ce monde, nous en avons soif et nous espérons en être rassasiés. Que cette Vigile soit pour tous l'éveil de notre vigilance dans l'attente de l'éternité à laquelle nous croyons, en vrais disciples du Christ !
Loué soit Jésus Christ !
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